À la fin de la première journée de la 21e Conférence des parties, je me sens comme au jour 4 ou 5. Pourquoi cette sensation d’épuisement ? Plus de 150 dirigeants mondiaux discourant l’un après l’autre. Le Conférence des parties a toujours avancé à son propre rythme. Dans ce genre de réunion, les flux prévisibles de négociations au fil des décennies (les COP sur le climat ou les COP sur la biodiversité) débutaient à l’échelon le moins élevé de diplomates et de négociateurs travaillant d’arrache-pied à une ébauche de texte durant la première semaine, dans l'inquiétude de savoir que les ministres ou (en de rares occasions) les chefs de gouvernement arriveraient au cours de la deuxième semaine et s’attendraient à récolter les fruits de bons et efficaces efforts.
Les choses commencent lentement et la pression monte. Les pépins et les hoquets logistiques des premiers jours trouvent facilement leur remède quand les négociations en sont au stade préliminaire.
Les présentes négociations ont inversé cet ordre. À la tombée de la nuit, à la fin d’un barrage de discours des dirigeants de plus de 150 pays, tout le monde était exténué. D’accord, je dois admettre que je ne sais pas ce que tous ressentent… mais des amis au sein de l’appareil de l’ONU, des amis des ONG et le personnel de divers ministère de plusieurs pays semblaient bien à bout de nerf.
L’activité de la conférence principale n’était pas restreinte aux discours des dirigeants. J’ai été invitée à un déjeuner-conférence offert par Kathleen Wynne, première ministre de l’Ontario. Il a, en fin de compte, inclut Rachel Notley, première ministre de l’Alberta, Christy Clark, première ministre de la Colombie-Britannique et, en apparition de dernière minute, Catherine McKenna, nouvelle ministre de l’Environnement et du Changement climatique du Canada. Dans l’auditoire se trouvaient Perry Bellegarde, chef national de l’APN, le président national du Congrès du travail du Canada, en plus des commissaires à l’environnement de l’Ontario et du Canada. Cet événement eût-il eu lieu n’importe où ailleurs qu’à la COP21 de Paris, que vous auriez pu vendre des billets et remplir une salle 100 fois plus vaste. Dans le cas présent, vous croisez inopinément des gens que dans la vie de tous les jours vous mettriez un an à rencontrer.
Entre-temps, dans une autre salle, Bill Gates et Barack Obama, de même que le premier ministre Trudeau, annonçaient un fonds des technologies propres de plusieurs milliards de dollars.
Au haut de ce processus intensif d’orientation, Barack Obama, président des États-Unis, Angela Merkel, chancelière allemande, Vladimir Poutine, président de la Russie et ainsi de suite, assez pour créer des tensions profondes dans toute conférence, mais la COP21 de Paris n’est pas une conférence comme les autres. La ville demeure en état d’alerte. Chaque toit-terrasse et chaque viaduc a son personnel de sécurité, ses tireurs d’élite et plusieurs routes habituelles sont fermées. Entrer et sortir du lieu de la conférence aujourd’hui n’étaient pas facile.
Alors, qu’en est-il ressorti ?
Nul ne peut feindre d’ignorer les objectifs communs des discours politiques. Plusieurs (éloquence de Charles, prince de Galles!), ont traité des enjeux de l’urgence et de notre responsabilité envers nos propres enfants. Plusieurs ont offert des exemples concrets des effets bénéfiques sur leur économie des mesures prises dans leur propre pays. J’ai vraiment espéré que notre nouveau premier ministre, Justin Trudeau, avait une nouvelle offre, même une nouvelle cible, à annoncer, mais à part la promesse d’investir 2,5 G$ dans un fonds pour le climat il y a quelques jours à peine, il n’y avait rien de nouveau aujourd’hui.
Malgré tout, l’accueil fait à son discours, en particulier à son affirmation que le Canada était de retour et prêt à collaborer, a été ponctué d’applaudissements nourris qui ont emporté ses derniers mots.
Alors demain, le vrai travail commence. Les ministres seront de retour la semaine prochaine.
C’est une conférence qui doit marquer l’Histoire. Son ouverture était historique : elle constituait le plus grand rassemblement jamais tenu de dirigeants du monde entier. Seules les positions de négociations des diverses nations confirmeront si les dirigeants ont prononcé leur discour par souci de sauvegarde, ou s’ils ont la volonté de mettre leurs intérêts politiques en service pour sauver nos enfants et les leurs de la dévastation découlant d’un réchauffement mondial catastrophique.