À la veille des sommets du G8 et du G20, le gouvernement Harper a découvert qu’en tant que pays hôte, il n’était pas entièrement maître du programme des réunions. Le gouvernement a organisé des réunions préparatoires pour les ministres des Finances et du Développement des pays du G8, mais il a rompu avec la coutume des dernières décennies en n’invitant pas les ministres de l’Environnement au Canada. Selon le premier ministre, les changements climatiques constituent une « question secondaire ».
Le Parti vert a été le premier à attirer l’attention sur cette situation, en communiquant avec les médias et les autres représentants du G20 au Canada et en organisant des séances publiques et des manifestations. L’Union européenne, le gouvernement du Mexique (le pays hôte des prochaines négociations sur le climat) et Ban Ki-moon, le Secrétaire général des Nations Unies, ont également exercé des pressions.
Au cours des derniers jours, il est devenu évident que même si Harper peut faire construire un faux lac, il ne peut pas freiner la demande de la société civile et des autres chefs d'État de réaliser des progrès sur la question des changements climatiques.
Alors, au lieu de présenter au monde entier des positions sur les problèmes financiers et la santé maternelle préparées depuis des mois, la bande de Harper tente désespérément de trouver quelque chose à dire sur le climat.
La pression pour l’élimination des subventions aux carburants fossiles se fait de plus en plus présente. Le gouvernement serait encore en mesure de le faire, mais il y a quelques semaines, une fuite du ministère des Finances semblait indiquer que le gouvernement Harper protégerait les subventions aux sables bitumineux.
Nous pourrions annoncer l’instauration de cibles concrètes de réduction des GES ou faire ce que Ban Ki-moon nous a demandé lors de sa visite au Canada, soit de respecter nos objectifs fixés à Kyoto.
Jim Prentice a plutôt annoncé que le Canada apporterait une contribution de 400 millions de dollars entre aujourd’hui et 2012 au fond des pays en développement promis dans le risible accord de Copenhague. Nous ne savons pas encore d’où proviendront ces fonds puisque le budget de l'ACDI a été gelé. En réponse aux questions, Prentice a indiqué que ce serait de l’argent « nouveau », ce qui nous a fait réagir : « Vraiment? De quelle poche imaginaire proviendra-t-il en cette période de déficit? »
La deuxième annonce porte sur l'adoption de nouveaux règlements sur l'électricité au charbon. La fermeture de centrales au charbon serait la meilleure solution pour l’Alberta, l’Ontario (où McGuinty s’est déjà engagé à le faire), la Nouvelle-Écosse et la Saskatchewan.
Cependant, l’annonce de Prentice ne fera pas fermer de centrales au charbon. Elle ne vise pas à aider à les fermer non plus. Prentice a promis des règlements, qui entreront en vigueur dans cinq ans, pour réduire les émissions des NOUVELLES centrales au charbon.
Dans notre conférence de presse, un journaliste nous a demandé si ces règlements sur les centrales au charbon avaient pour objectif de détourner l'attention des sables bitumineux. En effet. Cette nouvelle aurait pu être positive si elle avait vraiment contribué à supprimer peu à peu l’utilisation du charbon, mais ce n'est pas le cas.
Alors que la sécurité sur-renforcée et les coûts astronomiques du sommet attirent encore l’attention d’une grande partie des médias, il serait plus urgent actuellement d’obtenir un peu d’attention de la part du gouvernement Harper. Malheureusement, cette attention se traduit majoritairement par de la manipulation des médias et des relations publiques, et non par de la substance. C’est comme le faux lac. Tout dans l’image et peu de contenu.