Il y a une nouvelle campagne à couvrir. Essayons de trouver le chaînon manquant entre la couverture médiatique des preuves scientifiques claires démontrant l’urgence de la situation en ce qui a trait à la crise climatique et la couverture ridicule de la météo.
Cette situation m’a rendue complètement folle ce mois-ci. En revenant de la conférence sur le réchauffement climatique qui s’est tenue à Poznan, j’ai ramené avec moi un sentiment d’urgence accru qui frisait la panique à propos des concentrations grandissantes de gaz à effet de serre dans notre atmosphère. Lorsque je suis arrivée au Canada, j’ai été plutôt témoin d’une couverture médiatique presque bébête et mal informée du type « dame Nature nous a lancé une balle courbe enneigée ». Voici l’essence de la raison pour laquelle je me plains. La couverture médiatique des mises en garde émises par les scientifiques, qui traite entre autres du fait que nous déstabilisions le climat de la planète et que nous devions affronter un nombre grandissant de phénomènes météorologiques de plus en plus violents, est exposée sérieusement, si on en parle au futur. Toutefois, lorsque nous vivons réellement des phénomènes météorologiques liés à la déstabilisation et au réchauffement du climat, les médias changent leur manière de présenter les événements et émettent des commentaires banals, stupides, naïfs et tape-à-l’œil. De plus, on dirait que toutes les autres histoires parlent de « dame Nature » comme si elle agissait avec caprice de diverses manières que l’on pourrait qualifier de peu maternelles. En fait, dame Nature devient ici un « punching-bag » rhétorique très commode. Cependant, le fait que l’influence humaine amène les systèmes climatiques vers des territoires complètement inconnus continue d’être oublié.
Nous avons connu, et ce, partout au Canada, des périodes sans précédent de phénomènes météorologiques étranges et imprévisibles. Évidemment, aucune tempête ne permet d’attribuer indubitablement la culpabilité au changement climatique. Le temps est variable de nature. Toutefois, nous créons les conditions dans lesquelles il est plus probable que ce type de phénomène se produise. Les météorologues nous affirment qu'une époque comme la nôtre où des phénomènes météorologiques violents règnent sur une aussi grande partie du Canada en même temps ne s’est jamais produite auparavant. Les tempêtes de neige répétées sur la partie continentale du sud de la Colombie-Britannique, avec des accumulations de neige à Victoria et sur l’île de Vancouver qui sont des régions habituellement tempérées, pourraient faire l'objet d'un énorme reportage à elles seules. Mais les tempêtes de neige ont également frappé le centre du Canada et les provinces de l'Atlantique, et ont été suivies par des dégels rapides, des tempêtes de pluie et des inondations presque partout, qui ont été également accompagnés de tempêtes de vents violents. Ces vents de la force d’un ouragan ont dévasté la région de Yarmouth. En Ontario, des chutes d’arbres ont nui à la réparation de lignes électriques.
Pendant que je faisais le tour des différentes chaînes durant les vacances, tous les reportages parlaient des dernières nouvelles au sujet des tempêtes, interrompus çà et là par des informations au sujet de voyageurs aériens restés bloqués et de pannes d’électricité. Dans tout ce battage médiatique, je n’ai pas entendu un seul reporteur se demander « qu’est-ce qui se passe? », « est-ce que ces désastres ont quelque chose à voir avec le fait que nous avons déstabilisé notre climat? » ou « est-ce que le fait que nous avons changé la chimie de l’atmosphère est un facteur de tout ce chaos climatique? ».
Non. De temps à autre, on pouvait entendre des sarcasmes du genre « et c'est ça qu'ils appellent le réchauffement climatique. Ha, ha! ».
Très drôle. Alors, si vous avez des reporteurs sur votre liste de cadeaux, envoyez-leur un exemplaire du livre « Global Warming for Dummies ». Les premières nouvelles venant de personnes qui ont donné ce livre à des beaux-frères sceptiques indiquent que ces derniers ont commencé à se soucier du fonctionnement du moteur de leur voiture et de l’impact du cycle de vie des cadeaux qu’ils donnaient. Aussi, une amie à moi de la Colombie-Britannique a mis sur pied un site Web de référence très pratique pour connaître les dernières nouvelles sur la climatologie. Étant donné qu’elle ne pouvait pas sortir de la maison à cause de la neige, elle a eu beaucoup de temps ces derniers jours pour ajouter des études et des graphiques récents sur son site, qui se trouve à l’adresse suivante : http://westcoastclimateequity.org
Nous devrions peut-être lancer nos chaussures en direction de la télé chaque fois que nous entendons une histoire « météorologique » qui ne tient pas compte du contexte climatique, ou de façon plus constructive, nous devrions peut-être appeler aux lignes téléphoniques destinées à recevoir les commentaires des téléspectateurs et envoyer des courriels sur les sites Web des différentes chaînes pour demander aux médias de commencer à établir des liens entre les éléments.
L’activité humaine a changé le climat et continue de le faire. Les histoires météorologiques étranges, loufoques et « amusantes » ratent la cible. Il nous reste peu de temps. En 2009, prenons notre climat au sérieux.
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Une pause pour dame Nature
Elizabeth May
30 décembre 2008