Le nouveau prix international de la « Chutzpah » devrait être décerné à Sarah Palin (si un tel prix existait, bien sûr). Je traduirais « Chutzpah », un mot yiddish, par « une audace percutante, extraordinaire » (en attendant un correctif).
J’ai posé la question récemment dans un blogue, surtout pour la forme, à savoir si nous pouvions espérer que Sarah Palin se sente gênée d’avoir scandé « drill baby, drill » alors que le pétrole gicle sans retenue dans les eaux du golfe du Mexique.
Bien entendu, je n’espérais rien du tout. Néanmoins, je m’imaginais, à tort, qu’elle tenterait de se faire oublier pendant un certain temps, mais c’était la sous-estimer!
Au cas où cela vous aurait échappé, Sarah Palin est revenue à la charge en affirmant qu’à son avis, le problème n’avait rien à voir avec les sociétés pétrolières, mais bien avec les sociétés pétrolières « étrangères ». Le problème, c’est la BRITISH petroleum. La même BP pour qui son mari, Todd, a travaillé pendant 18 ans. Bien entendu, ayant élu domicile en Alaska, elle peut facilement affirmer qu’une bonne vieille société pétrolière américaine comme Exxon ne causerait jamais de tort à l’environnement.
La deuxième place dans la catégorie « Chutzpah » reviendrait au cirque médiatique Harper-Prentice, qui affirme que notre réglementation est la plus stricte au monde.
En fait, notre réglementation est une véritable farce. La dernière mise à jour de nos règlements a permis de redéfinir leurs paramètres. Les règlements normatifs ont fait place à des règlements fondés sur des objectifs. La différence est que les sociétés sont aujourd’hui en mesure de proposer les moyens par lesquels elles souhaiteraient atteindre le résultat final, comme la protection de l’environnement, sans avoir à se doter de la technologie prescrite par les règlements. Comme l’explique si bien la Gazette du Canada, « La mise à jour des règlements améliore le cadre de réglementation actuel afin d’appuyer la croissance continue de l’industrie du pétrole et du gaz dans les régions pionnières et extracôtières et sa contribution à l’économie et à la compétitivité du Canada tout en maintenant les normes les plus rigoureuses en matière de sécurité, de protection de l’environnement et de gestion des ressources. »
Cette réforme réglementaire avait pour but d’accroître le développement et d’éliminer la réglementation, tout comme le fait de soustraire les projets énergétiques à la loi sur l’évaluation environnementale permettait d’accélérer le processus d’approbation.
Ainsi, nos règlements sont muets sur les « puits d’intervention » et les « soupapes d’arrêt ». Cela serait trop « normatif ». Nous ne voudrions surtout pas restreindre la créativité de nos chères sociétés pétrolières. Non, bien sûr que non. Nous préférons qu’elles puissent définir leurs buts et dire au gouvernement de quelle manière elles proposent d’atteindre les objectifs généraux de manière sécuritaire et sans préjudice à l’environnement.
Une approche fondée sur les objectifs fonctionne peut-être pour un énoncé de mandat, mais elle n’a vraiment aucune raison d’être dans en ensemble de règlements sur la sécurité. Les plus strictes au monde? S’il vous plaît, ne me faites pas rire.