Nous en sommes à la troisième étape de notre tournée nationale. Un traversier de BC Ferry m’a conduite de Saanich
Gulf Islands jusqu’à la côte, puis j’ai pris un autobus pour me rendre à l'aéroport de
Vancouver. Je suis maintenant à bord
d'un vol en classe économique d'Air Canada.
Pas de champagne pour moi. À la place, des encouragements. Tous les gens
que je rencontre, des préposés à la billetterie du traversier, aux employés de
sa cafétéria, du chauffeur et des passagers de l'autobus, au personnel et
passagers de mon vol sur Air Canada, tout le monde me souhaite de pouvoir participer
aux débats et d'être élue, autant de manifestations d'encouragement qui me
laisse croire que les gens sont toujours préoccupés et enragés du fiasco qui a
entouré l’organisation des débats.
Un sondage EKOS publié aujourd'hui confirme mon impression. Les Canadiennes et les Canadiens veulent voir
les verts participer aux débats dans une proportion de deux pour un. Je n'ai pas encore dit mon dernier mot, mais
nous en sommes presque réduits à faire des prières.
Aujourd'hui, je lancerai notre livre vert, notre plateforme électorale
de 2011. Il comprendra entre autres un plan chiffré de trois ans qui
permettrait de réduire le déficit plus rapidement que le plan proposé par les
conservateurs, tout en offrant un meilleur soutien aux familles que ne le
permettraient les programmes des libéraux et des conservateurs et un meilleur
soutien à la jeunesse et aux Canadiennes et Canadiens à faible revenu que le
programme du NPD. Et mieux encore, nous proposons de véritables mesures pour
lutter contre la crise climatique.
Le lancement de notre plateforme se fera à Toronto et nous espérons
qu'il suscitera l'intérêt des médias. J'avoue que je commence à me poser des questions. En août dernier, nous avons tenu notre
congrès national à Toronto, juste en face de Radio-Canada et à quelques rues
des bureaux du Globe and Mail. Aucun
représentant de ces médias n'avait assisté au congrès.
En 2008, la conférence de presse que nous avions organisée à Toronto
pour dévoiler nos initiatives en matière de technologies vertes avait reçu une
bonne couverture médiatique, mais on avait surtout mis l'emphase sur des
allégations provenant de certains blogues voulant que j'aurais participé à une
manifestation en faveur du Hezbollah. Il s'agissait en réalité d'une
manifestation en faveur de la paix qui s'était déroulée pendant l'été 2006, une
manifestation au cours de laquelle j'avais condamné à la fois les bombardements
israéliens sur le territoire libanais et les attaques du Hezbollah sur
Israël. À la même conférence de presse,
un des journalistes présents avait allégé que j'avais traité les Canadiens de
stupides. (Les gens de l'émission « The
Agenda » de TVO m'avaient filmée avant
une émission de télévision en direct à laquelle je participais. Je faisais partie d'un panel. Le micro n'avait saisi qu'une petite partie de
mon propos, et rien de ce que les autres panélistes avaient dit au cours de ce
bref échange... Évidemment, la preuve
que je n'avais jamais dit une pareille chose se trouve dans la réaction
positive de mes interlocuteurs du moment.
Contrairement aux téléspectateurs, eux avaient tout entendu.) Quelqu'un se chargera sûrement de ressortir
cet incident et d'autres incidents du même genre pendant la campagne, je n’en
ai aucun doute.
D'une certaine façon, l'anecdotique, le scandaleux, l'immoral et le non
pertinent prendront toujours le haut du pavé dans la couverture médiatique des
campagnes électorales, alors que les enjeux véritablement importants et urgents
seront relégués aux sujets sans intérêt.
À cet égard, le Parti vert ne peut que s'inquiéter du fait que les
changements climatiques ne sont plus considérés comme la « saveur du mois
». On se fait presque un devoir d'éviter
cette question dans la plupart des entrevues que j'accorde aux médias. Tout
cela nous inquiète. Nous nous inquiétons
de voir que la plus grande menace qui pèse sur la survie de notre civilisation
n'est jamais abordée. Les changements
climatiques sont traités dans les médias nationaux et les autres partis comme
une question sans intérêt. Le seul
intérêt que ces changements parvient à susciter concerne l'impact qu'ils pourraient
avoir sur le résultat des élections. En
comparaison avec l'augmentation de la concentration des gaz de serre dans
l'atmosphère et des chances toujours plus ténues d'éviter un réchauffement de
la planète, la réussite électorale de notre parti ou celle des autres partis n'a
aucune véritable importance. Il faudra bien
qu’un jour, quelqu'un se lève et pose cette question pourtant évidente :
comment se fait-il que les autres partis ne parlent pas de la menace
climatique?
Comme il est facile de se fermer les yeux; combien sont vides les discours que l'on nous
sert; que d'absurdités dans ce spectacle prévisible auquel on assiste. Une élection n'est pas une blague ou une
parodie. C'est l'occasion pour tous les
citoyennes et citoyens de ce pays d'être un agent de changement. C'est l'occasion de se lever et de dire haut et
fort la vérité à ceux qui nous gouvernent, de parler aux médias et aux autres
partis des véritables enjeux de notre monde.
Ils parviendront peut-être à empêcher ma participation aux débats, mais
ils ne pourront jamais vous empêcher de faire entendre votre voix, d'utiliser
votre pouvoir et votre droit de vote.