Dernières pensées sur l’accord conclu à Durban

Elizabeth May

D’accord,
ce ne sont peut-être pas les dernières pensées sur le sujet,
puisque les analyses et les réexamens se poursuivront pendant des
mois, sinon des années.

Ce
fut, d’une certaine façon, un véritable progrès que de voir la
Chine et l’Inde discuter de cibles – bien que ces pays n’ont
accepté que de commencer à en discuter. Ce fut un soulagement
extraordinaire que d’avoir une deuxième période d’engagement en
vertu du Protocole de Kyoto, qui prendra effet immédiatement à la
fin de la première période. Mais le Canada refuse bien entendu d’y
prendre part, comme c’est aussi le cas du Japon et de la Russie.
Les États-Unis demeurent perpétuellement enchaînés par leurs
politiques intérieures et années après année et COP après COP,
ils esquivent d’une manière ou d’une autre leurs
responsabilités.

Le
rôle du Canada à titre de lauréat, pour une cinquième année
consécutive, du prix Fossil
of the Year
n’est
pas surprenant. Les interventions et les actions du Canada ont
l’effet d’affaiblir les textes de loi et de durcir ses positions.
Alors que je rentre au pays, je suis si inquiète quant au rapport
selon lequel le premier ministre veut se retirer légalement du
Protocole de Kyoto. Avec tous les dommages que nous avons causés
jusqu’ici, une telle action nuirait au nouvel accord issu de la
conférence de Durban, et ce, avant même que l’encre de cet accord
n’ait fini de sécher. Nous devons prendre les devants de cette
menace, qui devrait être mise à exécution le 23 décembre.

Les
aspects frustrants, contrariants et même terrifiants des discussions
sur le climat sont que les niveaux d’émissions de gaz à effet de
serre (GES) continuent de s’accroître alors que les négociations
multilatérales tentent de déterminer le calendrier selon lequel ils
doivent être [éventuellement] réduits. Cela me rappelle les
négociations inacceptables menées avec les sociétés forestières.
Nous avions l’habitude de les appeler « talk
and log
 » (ou
« pourparlers et débitages » en français). Le fait que
les négociateurs en matière de climat discutent alors que
l’utilisation immorale des combustibles fossiles continue à
s’intensifier chaque année constituerait l’équivalent en
matière climatique.

Nous
avons besoin d’un outil qui soit l’équivalent d'un
cessez-le-feu : aucune émission de GES ajoutée, aucun nouveau
projet sur les sables bitumineux approuvé. Nous ne pouvons nous
permettre de continuer à rejeter un volume sans cesse croissant de
gaz contribuant au réchauffement dans l’atmosphère tout en
négociant le moment où nous planifierons de commencer à diminuer
ces émissions.

C’est
pourquoi nous devons trouver une façon de reprendre le rythme. Nous
risquons de placer l’atmosphère sur une trajectoire irréversible
vers un réchauffement planétaire effréné. Nous devons arrêter la
croissance des émissions de GES, et ce, partout sur la planète et
avant 2015. Avec les niveaux de volonté politique actuels, nous
sommes encore très loin d’entreprendre les actions nécessaires.
Dieu merci, la conférence de Durban nous a cependant donné un
accord allant dans la bonne direction. Maintenant, nous devons
revenir à la mobilisation populaire afin d’améliorer les ententes
et de réduire de manière réelle nos émissions de GES.