La sécurité de la vieillesse

Elizabeth May

Très peu de questions
touchent nos valeurs fondamentales d'aussi près que les pensions de retraite.
Certes, le concept des soins de santé universels est profondément ancré dans
les valeurs canadiennes fondamentales et sa place est incontestable. Cependant,
notre attachement commun à nous assurer que les Canadiennes et les Canadiens
ont un programme de soutien du revenu adéquat pour nous permettre de vivre nos
années de retraite de façon dynamique et en bonne santé le suit de justesse au
chapitre des responsabilités sacrées de notre gouvernement. De toute évidence,
il faut faire mieux. Les personnes âgées, particulièrement les femmes, sont
encore trop nombreuses à vivre dans la pauvreté. Pourtant, dans les nombreux
qu'il a prononcés pendant la dernière campagne électorale, Stephen Harper
n'a jamais invoqué la Sécurité de la vieillesse, le Supplément de revenu
garanti ou le Régime de pensions du Canada comme pouvant faire l'objet de
nouvelles politiques, sauf lorsqu'il a promis de rehausser le niveau de soutien
offert.

Après la chute historique
mémorable dans l'opinion publique de l'ancien premier ministre
Brian Mulroney lorsqu'il a menacé de modifier nos régimes de retraite (Good bye Charlie Brown), je peux à peine
imaginer la consternation des députés conservateurs d'arrière-ban à Ottawa
lorsque leur patron a placé les deux pieds au bord du précipice à Davos.

Les contradictions
fusaient de toutes parts. La machine de propagande politique des conservateurs
affirmait que les médias avaient mal interprété ses remarques, puis ils
annoncèrent que les régimes de retraite seraient modifiés. Chaque contradiction
avait la même préface : « Laissez-moi être clair. »

À présent que la
poussière retombe, il semble de plus en plus probable que le budget de 2012
repousse l'âge de la retraite de 65 à 67 ans. J'ai obtenu une réponse plus
ou moins claire de la ministre d'État responsable des aînés, Alice Wong,
lorsque je lui ai posé la question en Chambre. Le seul mystère qui plane encore
sur les intentions de Harper est de savoir si le changement sera soudain ou
graduel et combien de temps sera alloué pour sa mise en œuvre. J'ai le
sentiment que le budget servira de mise en garde aux personnes de 50 ans
en leur disant de se préparer à travailler encore 17 ans.

La question que nous
devrions poser est celle-ci : est-ce vraiment nécessaire? Le directeur
parlementaire du budget (DPB) est d'avis que non. En effet, le rapport du
DPB publié le 8 février
précise que, ayant déjà refilé aux provinces
2 % des coûts liés aux soins de santé, Ottawa bénéficie de la marge de
manœuvre nécessaire pour absorber la bulle créée par le départ à la retraite des
baby-boomers. En fait, le DPB affirme dans son rapport que nous pourrions même
augmenter les pensions de vieillesse.

Ainsi, certains se
demandent pourquoi Stephen Harper prendrait le risque de modifier les
privilèges de base du programme de la sécurité de la vieillesse. Plusieurs
assument qu'il protège tout simplement ses bases et respecte ses promesses
électorales. Les personnes âgées qui ont vu leurs économies s'envoler après la
volte-face de Harper lorsqu'il a décidé d'imposer les fiducies de revenu
pourraient bien saisir cette occasion pour mettre en garde celles qui
comptaient prendre leur retraite à 65 ans. Nous pouvons dire non et
protéger nos pensions de vieillesse. L'heure est venue de nous mobiliser. Ce
n'est vraiment pas le moment de battre en retraite.

Article originalement paru en anglais dans le CARP Action Online!