Je désire exprimer toute ma reconnaissance à la Fédération canadienne des municipalités pour le leadership dont elle fait preuve en matière de la durabilité. Des responsabilités imposantes pèsent sur les administrations des municipalités, grandes et petites, rurales et urbaines. Je suis d’accord avec le plus récent document d’orientation de la Fédération; le bon sens commande effectivement de repenser la répartition des pouvoirs établie en 1867.
À l’époque, la population du Canada était essentiellement rurale et agricole. La gouvernance de facto des municipalités par les autorités provinciales allait de soi, car seulement 20 % de la population était urbaine. Mais accepter sans mot dire cette répartition des rôles en 2013, c’est accepter une gouvernance anachronique.
Tous les acteurs reconnaissent qu’élever le palier de pouvoir local au dessus des paliers de pouvoir provincial et fédéral ne va pas de soi. Mais cela ne devrait pas pour autant nous empêcher d’en parler. Il existe sûrement d’autres façons de réorganiser le fardeau fiscal pour que les administrations municipales disposent des fonds et des revenus nécessaires aux investissements en infrastructure et en services locaux, dont les besoins sont criants. Les gouvernements fédéral et provinciaux pourraient peut être conclure des arrangements extra-constitutionnels qui prennent en considération les déficits sérieux et dangereux en matière d’infrastructure auxquels les municipalités, en dépit des engagements récents touchant notamment la permanence du Fonds de la taxe sur l’essence mis à leur disposition, sont confrontées. De toutes les taxes recueillies par quelque gouvernement que ce soit et payées par un même contribuable, seulement huit sous par dollar vont aux gouvernements locaux. Or ce contribuable comprend que le palier de gouvernement le plus près de son quotidien, qui organise le transport par autobus et par tramway, organise la collecte des ordures et le recyclage, qui assure le traitement des eaux et l’approvisionnement, gère les parcs, les installations de loisir, les piscines et les terrains de soccer, est l’administration municipale locale. Il y sûrement moyen d’actualiser en ce vingt et unième siècle une conception de gouvernement qui remonte au dix neuvième siècle.
En effet, si nous ne pouvons moderniser notre gouvernance, comment pourrons nous combler le fossé qui sépare les infrastructures croulantes de l’avenir moderne et technologiquement avancé que nous voulons pour le Canada?