OTTAWA – La chef du Parti vert du Canada et députée de Saanich—Gulf Islands Elizabeth May tenait aujourd’hui une conférence de presse pour expliquer l’importance de la 18e Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, qui se déroule à Doha en ce moment jusqu’au 7 décembre, et pour demander à la délégation canadienne de participer de bonne foi.
« À cette conférence, bien plus qu’aux 17 autres conférences précédentes, les négociations entourant la réduction des émissions de carbone revêtiront un réel sentiment d’urgence, puisque les nations réunies tenteront de négocier la suite du Protocole de Kyoto après une année de phénomènes météorologiques destructeurs, voire tragiques », a dit Mme May. « Je regrette sincèrement ne pas pouvoir participer à cette rencontre historique. »
Mme May s’est vue contrainte de renoncer à participer aux négociations de Doha cette année lorsqu’il est devenu évident que les 80 amendements de fond qu’elle a déposés en réplique au deuxième projet de loi mammouth d’exécution budgétaire des conservateurs de Harper seraient soumis à la Chambre au cours des prochains jours.
À Doha, les négociations visent à dégager un accord d’ici 2015 pour établir un nouveau protocole mondial de lutte contre les changements climatiques d’ici 2020. Les nations réunies négocient également la deuxième phase du Protocole de Kyoto, dont la négociation en 1997 visait à réduire les émissions des pays industrialisés entre 2008 et 2012, dont l'entrée en vigueur est prévue pour le 1er janvier 2013.
À la Conférence de l’ONU sur les changements climatiques tenue à Durban l’an dernier, l’Union européenne ainsi que d’autres pays européens et l’Australie avaient accepté de s’engager dans la deuxième phase de Kyoto, tandis que la Russie, le Japon et le Canada refusaient de bouger (les États-Unis n’ont jamais ratifié Kyoto). Au lendemain de la Conférence, le ministre de l’Environnement canadien Peter Kent annonçait le retrait du Canada du Protocole de Kyoto; ce retrait prendra effet le 15 décembre prochain.
« Aussi incroyable que cela puisse paraître, malgré le retrait imminent du Canada du Protocole de Kyoto, Peter Kent compte toujours prendre part aux négociations entourant Kyoto comme si nous y étions toujours à part entière », a dit May. « Mais que compte-t-il bien offrir? Je crains qu’il ne fasse comme par le passé en faisant obstruction aux négociations. »
La chef des verts entrevoit déjà le pire depuis que le Canada a reçu mercredi le premier Fossile du jour soulignant le refus du ministre Kent d’engager de nouveaux fonds pour aider les pays les plus pauvres à lutter contre les changements climatiques, contrairement à l’engagement pris par le Canada à la Conférence de Copenhague en 2009.
Mme May a notamment rappelé que les scientifiques affirmaient désormais que le climat se réchauffait beaucoup plus rapidement que prévu. Le Canada et presque toutes les nations du monde ont pris l’engagement de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre pour permettre au climat de se stabiliser et ainsi éviter une hausse de la température de plus de 2 degrés Celsius au-dessus des niveaux préindustriels. Au lieu de cela, les scientifiques prévoient aujourd’hui que le climat pourrait se stabiliser après une hausse de 5 ou 6 degrés. Avec ce genre de prévision, notre civilisation fonce droit vers la catastrophe.
Dans le nord du Canada, la fonte de la calotte glaciaire se poursuit à un rythme accéléré tandis que dans l’Arctique et dans l’ensemble de la région boréale canadienne, la fonte des glaciers, du stock nival et du pergélisol libère peu à peu l’eau qu’ils contiennent.
L’effet de refroidissement produit par le fleuve Mackenzie, dans les Territoires du Nord-Ouest, sur le reste du continent est de moins en moins évident et les Rocheuses canadiennes ont perdu jusqu’à 300 glaciers entre 1920 et 2005. En tenant compte des moyennes de septembre, le niveau des eaux du lac Huron a chuté de 115 centimètres entre 1997 et 2012. Depuis vingt ans, la présence accrue de cyanobactéries dues à l'eutrophisation des eaux de surface et la prolifération d’algues dans le lac Winnipeg laissent présager l’ampleur des problèmes écohydrologiques de la région.
« Au vu des conséquences désastreuses provoquées par les changements climatiques au Canada, j’espère que les conservateurs de Harper auront le courage de changer de cap par rapport à la dernière Conférence des parties et se rallieront à l’Europe et à d’autres nations tournées vers l’avenir et poseront des gestes concrets dans le but de sauver la planète », a conclu Mme May. « Comme le disait si bien une édition récente du magazine anglophone Bloomberg Businessweek : “C’est le réchauffement climatique, espèce d’idiot.” » (It’s Global Warming, Stupid)
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Renseignements :
Debra Eindiguer
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