Un projet motivé par le patronage, pas l’environnement
OTTAWA – La récente décision des conservateurs de Harper d’appuyer la construction d’une usine d’éthanol de 200 millions de dollars à Oshawa sur de précieuses terres en bordure de l’eau pose de nombreux problèmes pour les Canadiennes et les Canadiens.
L’industrie des biocarburants fabriqués à partir du maïs a longtemps été considérée comme une solution de rechange douteuse au pétrole et au gaz; aucune évaluation environnementale valide n’a été réalisée, bien que l’usine doit être construite à proximité de milieux humides vulnérables; des exemples flagrants de favoritisme politique ont été relevés en marge du projet et le conseil municipal d’Oshawa est unanime dans son opposition au projet, tout comme une partie de la population locale.
« Difficile de trouver un projet qui comporte autant d’éléments négatifs », a dit la chef du Parti vert du Canada et députée de Saanich—Gulf Islands Elizabeth May. « Les problèmes entourant l’éthanol produit à partir du maïs sont connus depuis de nombreuses années, plus particulièrement en ce qui a trait aux impacts sur les prix et la disponibilité du maïs. En outre, ce projet illustre bien à quel point les études environnementales sont passées au plan symbolique depuis l’adoption du projet de loi C-38.
« Sans compter que de toute évidence, une poignée d’initiés entend concrétiser ce projet sans se soucier de la volonté de la population locale. C’est une honte sur tous les fronts. »
Depuis que l’alimentation des voitures fait concurrence à l’alimentation des êtres humains, le prix du maïs a grimpé en flèche et la demande a dépassé l’offre. Aujourd’hui, environ 40 pour cent de la production mondiale de maïs est destinée aux pompes à essence au lieu des supermarchés. Vendredi, le département de l’Agriculture des États‑Unis dévoilait son rapport sur les tendances mondiales, selon lequel la consommation mondiale souffrirait d’un manque à gagner de 38,9 millions de tonnes.
Le processus de production de l’éthanol est extrêmement énergivore. En effet, la Commission des finances du Congrès conclut que se tourner vers l’éthanol pour réduire les émissions de dioxyde de carbone coûterait au moins 750 $ la tonne de CO2, soit beaucoup plus que toute autre méthode.
L’éthanol souffre d’un manque de crédibilité au même titre que le processus de l’Oshawa Harbour Commission – établie par les conservateurs de Harper pour remplacer les autorités portuaires – derrière la construction de cette usine. Soulignons que le projet a été approuvé jeudi matin lors d’une rencontre à huis clos, sans procès-verbal et sans le témoignage de spécialistes indépendants.
Jim Flaherty a choisi Gary Valcour, l’ancien président de l’association locale des conservateurs de Whitby‑Oshawa, la circonscription de Flaherty, pour diriger l’Oshawa Harbour Commission. Tim O’Connor, un ancien dirigeant de FarmTech et le frère du président actuel, Dan O’Connor, est également lié à l’association de circonscription.
Valcour aurait l’intention de démissionner de son poste de président de la Commission, mais cela demeure un geste purement symbolique. En effet, Flaherty insistait pour dire que les sept membres du conseil d’administration de la Commission, principalement nommés par les conservateurs, nommeraient quelqu’un d’autre pour remplacer Valcour.
Dans l’esprit du projet de loi conservateur C‑38, qui affaiblit le processus d’évaluation environnementale et réduit le nombre de projets soumis à une évaluation, l’Agence canadienne d’évaluation environnementale a reçu l’ordre d’écourter l’évaluation environnementale portant sur l’usine d’éthanol. Valcour affirme que le conseil d’administration de la Commission en savait assez pour donner le feu vert au projet.
« Nous sommes satisfaits de constater qu’il n’y aura […] aucun impact environnemental important », a expliqué Valcour. « On a fait preuve de prudence raisonnable en ce qui a trait aux enjeux environnementaux. »
« En voulant construire cette usine d’éthanol sur des terrains portuaires et à l’issue d’une évaluation environnementale purement symbolique, les conservateurs de Harper pourraient très bien faire courir un risque important aux résidents d’Oshawa qui utilisent le secteur riverain », a prévenu Stacey Leadbetter, résidente locale et membre du Conseil fédéral du Parti vert du Canada pour l’Ontario. « Sans une évaluation adéquate, nous connaîtrons les risques uniquement lorsque surviendra une tragédie. »
« Même le maire a le sentiment d’avoir été écarté du processus décisionnel pour ce projet d’usine, et il est loin d’être le seul », a dit Gail Bates, ancienne candidate des verts dans Oshawa. « Qu’en est-il de la démocratie et de l’intérêt pour l’opinion des citoyens dans ce processus? »
« La population locale n’acceptera pas les méthodes d’intimidation et de patronage de Harper en échange d’une poignée d’emplois sales, parce qu’il y en aura effectivement très peu », a ajouté Bates. « Nous voulons des emplois propres, sécuritaires et durables. »
Leadbetter a mentionné au passage que la population locale se mobilisait en vue de faire obstacle au projet d'usine.
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Renseignements :
Debra Eindiguer
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