J’ai le sentiment que la barrière entre les nouvelles dystopiques de Margaret Atwood et le téléjournal s’estompe de plus en plus. Comme les reportages sur CBC/Radio-Canada cette semaine à propos des énormes mammouths qui émergent, libérés du pergélisol glacé. Il est bien vrai qu’ils sont toujours éteints. Ils ne sortent pas du pergélisol en marchant. Mais l’idée selon laquelle le pergélisol serait sur une trajectoire fatale, comme l’a dit Stephen Leahy, est assez effrayante.
Alors comment les journalistes rapportent-ils la nouvelle? Ils couvrent l’aspect économique du marché émergent pour l’ivoire des défenses de mammouth. Il y a pourtant un « angle » environnemental à cette histoire – la présence de ce nouvel ivoire accroit la menace que des éléphants d’Afrique soient chassés illégalement pour leurs défenses, qui pourraient facilement passer pour des défenses de mammouth.
Mais qu’en est-il de l’histoire sur la fonte rapide du pergélisol? L’effet de rétroaction positif du pergélisol qui libère du méthane, un gaz à effet de serre puissant, ne fait par contre pas partie de l’histoire.
Aujourd’hui, nous avons une Table ronde nationale avec une attitude de je-m'en-foutisme. Comme le vice-président de la Table ronde nationale, je me demande si le reportage de John Ibbitson dans le Globe and Mail était à côté de la plaque. Je n’ai pas encore lu tout le rapport, c’est pour cette raison que je mentionne le reportage du Globe, mais à quoi pouvaient-ils bien penser?? Perdre la glace de l’arctique comporterait « certains avantages », soit ceux de forer d’autres trous pour trouver plus de pétrole et de gaz et ainsi réchauffer la planète encore plus rapidement?
Personne ne parle de point de basculement? Aucune mention du point de nonretour? Le réchauffement incontrôlable de la planète risque malheureusement de concrétiser les craintes de Stephen Hawking, à savoir que la Terre « pourrait devenir comme Vénus, avec une atmosphère de 250 degrés centigrade noyée sous des pluies d’acide sulfurique. »
Pendant ce temps, nous sommes tellement occupés à saliver à l’évocation de tous les « avantages » du réchauffement planétaire que nous ignorons le tonnerre qui gronde.