OK.
Deuxième semaine au Parlement. Comme la première semaine, elle ne comptait que
quatre jours. La semaine dernière, la Chambre a été ajournée d'une journée pour
le congrès du Parti conservateur. Cette semaine, la session a été ajournée une
journée plus tôt pour le congrès du NPD. Par conséquent, je ne suis pas très
disposée à entendre qu'il reste encore beaucoup de travail à faire et que je
devrais m'abstenir de ralentir les travaux de la Chambre en insistant sur la
lecture de projets de loi importants avant leur adoption. Mais je m'excuse, je
vais un peu vite.
J'ai
commencé la semaine en étant convaincue de bien connaître le programme.
D'abord, le vote sur le projet de loi d'exécution du budget – je voterais
contre – et celui sur le prolongement de la mission en Libye – je voterais
également contre. Aucun projet de loi sur la criminalité au programme.
Ce fut une
semaine pleine de surprises, c'est le moins qu'on puisse dire. J'ai voté POUR
le projet de loi d'exécution du budget et j'ai privé la Chambre du
soutien unanime nécessaire pour l'adoption rapide du projet de loi sur les
superprocès. La seule chose qui s'est déroulée comme prévu, est mon vote contre
le prolongement de la mission canadienne en Libye, mais je n'avais jamais imaginé
être la seule députée à m'y opposer. Je m'attendais au moins à ce que les
quatre députés du Bloc votent contre.
Le fait de
bloguer sur le déroulement des travaux de la Chambre pourrait être une
première, alors je tente une approche au point par point. Pour ce qui est du
contenu, consultez la section Médias du site Web du Parti vert du Canada.
Lundi : Un journaliste m'a demandé si je donnerais mon
aval à l'adoption rapide du projet de loi sur les mégaprocès, avec une
première, une deuxième et une troisième lecture rapides et simultanées. À cela
– l'adoption d'un projet de loi sans discussion, sans débat et sans le
témoignage d'experts, la Chambre doit avoir le consentement unanime de tous les
députés. J'ai dit « non. » Comment pouvions-nous modifier les
fondements du Code criminel sans
d'abord tenir des audiences?
Mardi : Dès le matin, j'ai communiqué avec
Clayton Ruby, l'un des éminents criminalistes et défenseurs des droits
civils au Canada, et il a souligné certaines lacunes dans le nouveau projet de loi.
Arrivée en
Chambre à 10 h pour réaliser que je ne pouvais plus quitter mon siège. Un
vote sur une motion qui requiert le « consentement unanime » n'est
pas comme un autre vote. Aucune cloche qui retentit. Il faut simplement être à
sa place ou on risque de rater le vote.
Le
scandale. Aucune nouvelle du ministre de la Justice Rob Nicholson, mais le
ministre de la Justice du Québec insiste pour venir à Ottawa afin d'expliquer
l'urgence d'adopter ce projet de loi sur les superprocès. De toute évidence,
Fournier est un ministre très engagé, dévoué et décent. Il a semblé reconnaître
que j'étais une personne raisonnable, alors il n'a même pas tenté de me
critiquer lors de son point de presse. Nous avons tous deux convenu que le
projet de loi doit être adopté, mais que des audiences sont nécessaires. C'est
tout ce que j'ai toujours demandé. Ces audiences peuvent se dérouler
rapidement.
J'ai couru
de la période des questions au Musée de la guerre pour assister à une cérémonie
très émouvante en l'honneur des victimes de l'Holocauste. Ce fut un grand
honneur pour moi que de pouvoir m'adresser aux personnes rassemblées pour la
cérémonie de commémoration, mais j'étais sur le dais à l'avant de la salle et
les minutes s'envolaient à un rythme fou. Ma seule chance de m'adresser à la
Chambre sur la mission du Canada en Libye approchait. Je savais une
chose : j'aimais mieux rater le débat que rater le kaddish, la prière récitée
par les juifs en deuil. L'inquiétude de mon jeune et brillant recherchiste,
Ben Rankin, était palpable.
À la
première occasion de quitter la cérémonie sans risquer d'avoir l'air indécente,
j'ai quitté la scène, couru (dans la mesure où ma hanche tenait bon) jusqu'au
taxi qui m'attendait. Pas de taxi. Aucun signe d'un taxi à destination de la
Colline. Je suis embarqué à bord d'une fourgonnette remplie de députés
conservateurs qui ont dû se tasser pour me faire une place (et Ben est resté
derrière, l'air toujours aussi inquiet). Ils m'ont déposée directement devant
les portes de l'entrée principale avant de se rendre à leurs propres bureaux.
(Je les aurais remerciés publiquement, mais je pense que ce serait préférable
d'obtenir leur permission avant!) Je me suis enfin assise à ma place, avec
moins d'une minute avant de prendre la parole.
J'ai livré
mon allocution sur la mission en Libye. En regardant la vidéo, j'aurais bien
aimé avoir une petite minute pour me recoiffer un peu.
J'étais
seule à voter contre.
Je suis
allée à une réception pour les stagiaires parlementaires et à une campagne de
financement pour nos troupes en Afghanistan. J'ai rencontré Alan Frew de
Glass Tiger.
Mercredi : Nous avons tenu une conférence de presse sur
les négociations sur les changements climatiques à Bonn, Allemagne. Les autres
partis sont en réunion de caucus. Malgré cela, la presse n'était pas au
rendez-vous.
Le
gouvernement est désormais bien au fait qu'il n'obtiendra pas le consentement
unanime de la Chambre pour son projet de loi sur les superprocès, alors il nous
demande si une seule journée d'audiences serait acceptable. J'ai dit
« oui », dans la mesure où nous pouvons obtenir quelques
modifications.
Pendant ce
temps, je me concentre sur la relecture du projet de loi d'exécution du budget.
Je l'étudie en détail. Ça ne fait aucun sens – 55 pages, mais aucune sur
l'exécution du budget. Le document contient 12 mesures. Une mesure pour éliminer
la TPS sur la vente des coquelicots pour le jour du Souvenir. Une mesure pour
éliminer les exigences d'enregistrement pour les canots et les kayaks. Une
autre pour remédier aux problèmes d'impôt en ce qui a trait aux prestations
d'invalidité. OK, alors le « vrai » projet de loi d'exécution du
budget viendrait seulement à l'automne. La manipulation des médias par les conservateurs
est la seule explication possible. Le projet de loi est une manœuvre, un
leurre, un petit lapin tout doux et sans défense. Le dragon se terre.
J'ai donc
voté avec les conservateurs, tout comme le NPD d'ailleurs (ils savaient déjà
que ce n'était qu'un petit lapin). Les libéraux ont voté contre. Ils
maintiennent que c'est une question de constance. Ils sont contre le budget,
alors ils doivent voter contre ce projet de loi.
Et
Peter MacKay explique aux médias que j'ai voté contre la mission en Libye
uniquement pour obtenir une bonne couverture médiatique. (En fait, nous n'avons
même pas réussi à accorder suffisamment nos flûtes pour publier un communiqué
de presse au sujet du vote sur la mission en Libye.) Grâce à l'intervention de
Peter, j'ai commencé à recevoir des appels des médias. La chronique de
Jane Taber est sans doute la seule façon dont la plupart des gens se sont rendu
compte que j'avais bloqué deux efforts unanimes par le gouvernement au cours
des deux derniers jours.
Pendant
tout ce temps, j'ai donné des entrevues à CBC/Radio-Canada en anglais et en
français sur la transparence des comptes de dépense des députés. Je vous en
dirai plus sur la question à un autre moment.
J'ai
regardé le match au pub D'Arcy McGee's, puisque je n'ai pas encore le
câble. Quand les Bruins ont marqué, je suis rentrée chez moi. Trop fatiguée
pour continuer de regarder pour en fin de compte être déçue du résultat.
Jeudi : Pourquoi me suis-je réveillée à 3 h du
matin pour vérifier qui avait gagné sur mon BlackBerry? Parce que les émeutes
m'ont réveillée et je n'ai pas pu retrouver le sommeil.
CBC a
décidé que le fait que j'avais un impact au Parlement me rendait plus attrayante
pour ce qu'ils appellent la « syndication ». Je me suis déjà prêtée à
ce genre de marathon pour le Sierra Club par le passé, alors je savais à
quoi m'attendre et je me suis préparé un thermos de café à 5 h 15 du
matin pour arriver aux studios de CBC un peu avant 6 h. En arrivant, j'ai
été confinée à une petite cabine avec des écouteurs sur les oreilles. J'ai
donné 12 entrevues entre 6 h et 9 h. Le problème est que j'étais vraiment
trop fatiguée pour la journée qui s'annonçait.
J'ai été
suivie par une équipe de tournage pour un documentaire. Je me suis sentie très
antisociale lorsque j'ai refermé la porte derrière moi pour tenter de fermer l'œil
10 minutes. J'ai ensuite couru à la Chambre pour être là juste avant
10 h. Par chance, puisque le gouvernement avait à nouveau besoin de
l'unanimité de la Chambre pour suspendre le Parlement pendant quelques minutes,
pour légiférer la fin de la grève chez Air Canada. J'ai déjà pratiqué le
droit du travail (pour des syndicats). Je n'aime pas du tout ce genre
d'intervention de la part du gouvernement. Je me suis levée pour demander à
faire partie des discussions avec le whip du Parti afin d'autoriser la
suspension des travaux de la Chambre. Il se trouve que le syndicat et Air
Canada sont sur le point de conclure une entente. Nous pouvons débattre autant
que nous voulons et retarder la tenue d'un vote sur la question pour leur
accorder plus de temps. Je ne quitterai pas mon siège.
J'ai pu
poser une question à la période des questions. J'ai demandé à Peter Kent
de former une commission d'Examen pour étudier le projet Old Harry, le nom
choisi pour le futur emplacement d'un puits pétrolier en eaux profondes dans le
golfe du Saint-Laurent. (Farley Mowat m'a dit que dans les légendes de
marins, « Old Harry », était le nom donné au diable. Très à propos.)
Les débats
après la période des questions sur la deuxième lecture du projet de loi sur les
superprocès. J'ai répondu à quelques questions et émis certains commentaires.
Irwin Cotler, l'ancien ministre de la Justice, a été brillant. Il a
remarqué que le projet de loi ne contenait aucune section
« définition ». Ainsi, il n'existe aucune définition d'un superprocès,
ce qui pourrait permettre d'employer les procédures prévues pour les
superprocès dans les procès ordinaires. Je suis vraiment contente d'avoir
réussi à forcer la tenue de discussions sur ce projet de loi.
Je voterai
sur le projet de loi en deuxième lecture. J'ai bien hâte aux audiences prévues
pour mardi.
OK. Alors
le format du blogue est toujours aussi long.
Restez avec
moi pour la suite des aventures de la première fille députée verte au Canada.