À 17h30 HE aujourd'hui, jour de la marmotte ou de la Chandeleur, selon votre tradition, tous les chefs de parti se sont réunis virtuellement pour réfléchir à la réponse du Canada aux actions sans précédent et illégales du président américain Donald Trump. Le premier ministre nous a fait part du processus de réflexion d'hier. Le président Trump a clairement indiqué que, si le Canada ripostait, il rendrait les sanctions plus sévères. Les premiers ministres provinciaux, le cabinet de Justin Trudeau et d'autres conseillers ont estimé que ce n'était pas le moment de reculer. Le premier ministre a déclaré qu'il était devenu de plus en plus évident qu'il n'y avait aucune preuve ou action supplémentaire en matière de sécurité à la frontière qui pouvait faire la différence. Le problème n’est pas le fentanyl. Il s'agit d’une attaque contre le Canada et sa souveraineté. Jagmeet Singh, Pierre Poilievre, Yves François Blanchet et moi-même avons tous abordé ce point et sommes tombés d'accord. Bien que nos opinions divergent sur certains points, il n'est pas nécessaire de les souligner ici.
Nous désirons transmettre un message de solidarité. J’ai rappelé à mes collègues une idée que j’avais partagée lors de notre précédente rencontre le 3 décembre 2024 : la tenue du National Prayer Breakfast à Washington, D.C., le 6 février 2025, pourrait être l’occasion idéale pour une délégation parlementaire canadienne de se rendre aux États-Unis. Aujourd’hui, j’ai senti que j’avais le mandat collectif de tous les chefs pour porter un message clair à Washington : le Canada est uni.
Avec l’accord des autres chefs, j'ai demandé à partager une anecdote. Quelque chose de simple, mais d'extraordinaire. Ce matin, j'étais en train de prier dans une église luthérienne-anglicane de Guelph, en Ontario. Comme c'est la coutume dans de nombreuses congrégations, des annonces sont faites à la fin de la messe. Un homme âgé s’est présenté à l’avant et a dit : « Je suis tellement bouleversé par ce qui se passe. Je veux pouvoir en parler. Je veux savoir que tous les Canadiens seront solidaires. O Canada est notre hymne et j'aimerais que nous le chantions tous maintenant ». Délicatement, le prêtre a suggéré qu'à la fin de la messe, nous nous rendions tous dans la salle de réunion. Et c'est ainsi que, pendant que le café et le thé étaient servis, une congrégation de Guelph s'est levée et, avec des voix enthousiastes et quelques larmes aux yeux, a chanté « O Canada ».
J’ai suggéré au premier ministre et aux autres chefs qu’il pourrait être utile de proposer des moyens concrets aux Canadiens pour s’impliquer et se soutenir mutuellement.
J'ai également exprimé ma gratitude.
Le premier ministre et son cabinet méritent notre reconnaissance collective. Les premiers ministres provinciaux qui travaillent ensemble méritent également nos remerciements.
C’est la génération de mes parents qui a vu des gens ordinaires faire des sacrifices extraordinaires pour le bien commun. L’idée même de sacrifice est depuis longtemps démodée. On attend désormais une satisfaction immédiate. Mais peut-être qu’aujourd’hui, grâce à notre force collective et notre unité, nous pourrons persuader M. Trump de faire marche arrière. Peut-être.
Toutefois, il est fort probable que cette guerre commerciale absurde dure un certain temps. Elle risque de causer de graves dommages aux personnes vulnérables et aux petites entreprises qui auront besoin de notre aide.
Nous devons nous serrer les coudes. Nous sommes d’accord pour que le fardeau soit partagé entre les secteurs et les régions. Mais nous devons veiller à ce que les plus vulnérables soient protégés en priorité. Nous devons également trouver les ressources nécessaires pour financer une riposte collective et unie face aux violations flagrantes des traités, des normes internationales et des lois commises hier par le président des États-Unis.
Nous devons nous rappeler que de nombreux Américains désapprouvent les actions de leur président. Et nous devons imaginer qu’un dirigeant, aussi déterminé qu’il soit à faire le mauvais choix, peut changer d’avis.
Nous devons tout faire pour préserver notre amitié et notre bonne relation avec les États-Unis.
Néanmoins, nous ne reculerons pas. Il est probable que nous devions redoubler d’efforts pour protéger le Canada et d’autres pays ciblés par Trump. Nous sommes inquiets pour ceux qui deviendront bientôt réfugiés, risquant d’être envoyés dans un camp de détention illégal à Guantanamo Bay, voire pire.
Nous devons respecter et appliquer le droit international. Nous devons renforcer nos alliances – politiques, économiques et diplomatiques. Défendre ces piliers du multilatéralisme que nous avons autrefois tenus pour acquis. La démocratie, le respect des droits de la personne, l’action climatique et la coopération pour un monde meilleur ne doivent pas être abandonnés.
Nous ne céderons pas à la panique.
Le Canada peut ressortir plus fort, plus résilient et plus autosuffisant de cette épreuve.
Nous y arriverons tous ensemble,
Elizabeth May, O.C.
Députée, Saanich-Gulf Islands
Cheffe, Parti vert du Canada
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